issance avec les différentes représentations catholiques ornant ce grandiose intérieur, nous faisons le tour des petites chapelles arrondies formant les absidioles aperçues de l’extérieur. Ces chapelles rayonnantes font partie intégrante de l’architecture des églises romanes. Leur disposition est une particularité notable. En effet, si l’église est déjà dédiée à Marie il peut y avoir deux chapelles situées de part et d’autre de l’axe de la nef. Mais si cette dernière est dédiée à un autre Saint, comme ici à la basilique Saint-Julien de Brioude, il y aura une seule chapelle dans l’axe principal de la nef pour remémorer tout de même l’importance de Marie dans ce lieu. Nous descendons ensuite dans la crypte, sous l’autel, afin d’y découvrir les reliques de Saint-Julien conservées dans une châsse3 dorée magnifique et ornée des initiales SJ pour Saint-Julien. Place à l'inédit ! Il est temps maintenant d’accéder aux parties invisibles de la basilique que le Père nous a volontiers fait découvrir. Par une petite porte aux allures médiévales, nous empruntons un escalier similaire à ceux que l’on peut trouver dans les châteaux, mais en beaucoup plus étroit, peu lumineux et bien poussiéreux. Nous grimpons sans savoir où finira cette ascension. Enfin au sommet, une porte s’ouvre sur les terrasses de la basilique. Gageons qu’à cet instant peu de personnes y ont eu accès, ce qui donne à notre présentation toute sa singularité. Le panorama est grandiose et le privilège qu’il nous est donné de vivre à cet instant exacerbe notre excitation. La joie se lit sur nos visages autant que notre étonnement d’être ici présents. Sur un des deux clochers, une armée de pigeons a l’air de prolonger une sieste qui ne saurait être plus paisible. C’était sans compter sur l’humour agacé du Père de Veyrac pour ces volatiles destructeurs. Sur trois claquements de mains appuyés, les oiseaux gris et noir décollent à l’unisson, font semblant d’évacuer les lieux et dans un virage maîtrisé, reviennent dans notre direction, nous survolent comme pour nous rappeler de craindre leurs déjections avant de retourner sur leur toit préféré comme si de rien n’était. Les "Hitchcockiens" peuvent être rassurés, faire peur avec des "piafs" le Père de Veyrac en assure la relève. Nous profitons quelques instants de la vue ina

avril 2023

DÉCOUVERTES
visite insolite

Dans les coulisses du joyau d’art roman de Brioude

Monument de France - Basilique Saint Julien - Monument remarquable - Fontaine Saint Julien - Visite insolite - Histoire locale - Brioude 43100 - 43300 Langeac - Haute-Loire - Auvergne - Myhauteloire - auvergnerhonealpes - regionauvergne - auvergnelife - région Haute-Loire - 43

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Visite insolite dans les recoins inexplorés de la Basilique Saint-Julien de Brioude.

Avec l’accord et la participation du Père de Veyrac, nous nous sommes immiscés dans les coulisses de la Basilique Saint-Julien, dont il est le fervent gardien. Sans aucun doute, ce reportage restera l’une des aventures les plus excitantes que nous ayons eu l’occasion de vivre.

Un peu d'histoire avant de profiter du spectacle.

Pour planter le décor, sachez que cette basilique est la plus grande des églises romanes d’Auvergne et que Saint-Julien fut un martyr. Au début du IVe siècle, ce soldat romain en garnison à Vienne sur le Rhône est converti au christianisme. Il fuit alors la persécution violente de Dèce¹ à travers tout le Velay. Il est rattrapé près de Brioude "la douce" par ceux qui en veulent à sa vie et à sa foi. Prisonnier, il refuse d’abjurer et sera décapité dans un lieu se trouvant à la sortie de Brioude qui s’appelle désormais Fontaine Saint-Julien, devenu aujourd’hui site de pèlerinage. D’après la légende, ce soldat romain chrétien a été enterré dans un cimetière à l’extérieur de la ville romaine et la basilique serait à ce jour construite en lieu et place de celui-ci. Ainsi naît l’histoire de Saint-Julien. En dehors du fait qu’il ait été un martyr, il n’avait point d’actes remarquables à sa gloire. Mais la prière exaucée d’une femme espagnole à Saint-Julien pour le retour de son mari parti guerroyer est à l’origine du premier bâti de la basilique. En remerciement, elle fit construire un mausolée à son intention. De cet instant naît la toute première dévotion à Saint-Julien et le début d’un pèlerinage qui s’amplifiera au travers des siècles. C’est au Ve siècle que la construction de la basilique verra le jour. L’architecture de cette première église sera empruntée aux édifices publics romains, ce qui lui confère son nom de basilique. Les édifices religieux de cette période étaient des temples et ne servaient pas à rassembler la ferveur des chrétiens alors que les structures publiques, Basilicae en latin, l’étaient.

Le baptistaire² rare, visible derrière les absidioles de la basilique, ayant été construit aussi près d’une simple église et dans une petite ville gallo-romaine, est la preuve de l’importance du culte à Saint-Julien. Ce culte se poursuivra à travers toute l’Europe pendant des siècles et donnera son nom à un grand nombre de villes ainsi qu’à des familles. Aujourd’hui encore, la dévotion à son égard est toujours bien vivante dans la chrétienté. Le Père de Veyrac, si vous avez la chance de le rencontrer pour une visite guidée, vous contera plus en détail cette belle histoire. Mais pour l’heure, nous allons entamer notre immersion dans les coulisses de cette splendeur qu’est la basilique de Brioude.

Construite à l’aide de pierres locales de différents types comme le grès rose ou le grès calcaire blanc, le basalte noir, le rouge ou autre granite, cette basilique est resplendissante par sa mosaïque multicolore et ses formes insolites.

Aussi belle dehors que dedans.

Guidés par le Père de Veyrac, nous entrons maintenant à l’intérieur de la basilique pour découvrir dans un premier temps une route romaine, axe nord-sud, traversant l’édifice. Nous sommes déjà dans le thème de l’insolite par cette drôle d’information. La construction de la basilique actuelle, beaucoup plus vaste que l’église précédente, a intégré la voie romaine dans l’édifice. L’usage à Brioude, quand les gens veulent se rendre d’un côté à l’autre de la basilique, est d’emprunter ce chemin et ainsi de la traverser plutôt que d’en faire le tour qui s’avère bien entendu, plus long. Ce qui fait qu’aucune chaise n’est installée dans ce couloir piétonnier et en fait toute sa particularité. Avec humour, notre guide nous certifie que si un curé avait l’idée de placer des chaises sur cette route, il se ferait "sacrément sonner les cloches". Il nous dit aussi que le samedi matin d’étranges passants lestés de cabas et autres sacs pesants emplis de victuailles utilisent ce passage. Peut-être est-ce lié au jour de marché, allez savoir ?

Un mélange de styles roman et gothique est omniprésent dans cet édifice, car la construction s’est échelonnée du XIe au XIIIe siècle, ce qui est plus particulièrement visible dans la nef qui aujourd’hui est très marquée par le style gothique, mais aussi par sa forte élévation. Ce qui nous amène à vous parler des vitraux. Ils sont magnifiques, si fascinants, car inhabituels qu’il nous faut expliquer leur histoire. C’est après de lourds dégâts causés pendant la révolution française qu’il a fallu refaire les vitraux de la basilique. Mais au XIXe siècle, de simples verrières ont remplacé les originaux. Vers 2005, la mairie de Brioude passe commande de nouveaux vitraux en lançant un concours.

Le père Kim En Joong, artiste dominicain d'origine coréenne vivant en France, remporte celui-ci et se met au travail. En 2008 s’achève l’installation complète des 37 vitraux sur les baies de la nef. Ces vitraux d’une rare beauté ont fait l’objet d’une réflexion plus sur la lumière et sa pénétration dans l’architecture que sur le figuratif.

Donc inutile d’y chercher une quelconque interprétation catholique, il ne s’agit ici que de lumière et de couleurs flamboyantes. Il n’y a pas que ces vitraux qui soient admirables. Au cours d’un projet d’installation de chauffage dans la basilique, des fouilles ont mis à jour un dallage de galets datant du Moyen Âge formant une exceptionnelle harmonie. Galets noirs, blancs et ocres dessinent au sol des fresques faites de damiers, de rosaces et de formes à la géométrie variable.

Vitraux - Kim en Joong - Basilique Saint Julien - Monument remarquable - Fontaine Saint Julien - Visite insolite - Histoire locale - Brioude 43100 - 43300 Langeac - Haute-Loire - Auvergne - Myhauteloire - auvergnerhonealpes - regionauvergne - auvergnelife - région Haute-Loire - 43

Bien entendu, cette découverte a fait l’objet d’une grande attention et, en finalité, la décision a été de préserver ce décor extraordinaire. Attention à vos yeux, leur beauté peut vous éblouir !

Après avoir fait connaissance avec les différentes représentations catholiques ornant ce grandiose intérieur, nous faisons le tour des petites chapelles arrondies formant les absidioles aperçues de l’extérieur. Ces chapelles rayonnantes font partie intégrante de l’architecture des églises romanes. Leur disposition est une particularité notable. En effet, si l’église est déjà dédiée à Marie il peut y avoir deux chapelles situées de part et d’autre de l’axe de la nef. Mais si cette dernière est dédiée à un autre Saint, comme ici à la basilique Saint-Julien de Brioude, il y aura une seule chapelle dans l’axe principal de la nef pour remémorer tout de même l’importance de Marie dans ce lieu. Nous descendons ensuite dans la crypte, sous l’autel, afin d’y découvrir les reliques de Saint-Julien conservées dans une châsse³ dorée magnifique et ornée des initiales SJ pour Saint-Julien.

Place à l'inédit !

Il est temps maintenant d’accéder aux parties invisibles de la basilique que le Père nous a volontiers fait découvrir. Par une petite porte aux allures médiévales, nous empruntons un escalier similaire à ceux que l’on peut trouver dans les châteaux, mais en beaucoup plus étroit, peu lumineux et bien poussiéreux. Nous grimpons sans savoir où finira cette ascension. Enfin au sommet, une porte s’ouvre sur les terrasses de la basilique. Gageons qu’à cet instant peu de personnes y ont eu accès, ce qui donne à notre présentation toute sa singularité.

Le panorama est grandiose et le privilège qu’il nous est donné de vivre à cet instant exacerbe notre excitation. La joie se lit sur nos visages autant que notre étonnement d’être ici présents. Sur un des deux clochers, une armée de pigeons a l’air de prolonger une sieste qui ne saurait être plus paisible. C’était sans compter sur l’humour agacé du Père de Veyrac pour ces volatiles destructeurs. Sur trois claquements de mains appuyés, les oiseaux gris et noir décollent à l’unisson, font semblant d’évacuer les lieux et dans un virage maîtrisé, reviennent dans notre direction, nous survolent comme pour nous rappeler de craindre leurs déjections avant de retourner sur leur toit préféré comme si de rien n’était. Les "Hitchcockiens" peuvent être rassurés, faire peur avec des "piafs" le Père de Veyrac en assure la relève.

Nous profitons quelques instants de la vue inaccoutumée sur les toits de Brioude ainsi que sur la chaîne montagneuse du Puy-de-Dôme avant de traverser la basilique dans sa largeur par un passage étroit, surplombant l’intérieur à plus de vingt-cinq mètres. Plus près des vitraux à cette hauteur, nous en admirons la conception originale.

La vue en dessous de nous est un peu vertigineuse, mais nous ne boudons pas notre plaisir. Nous apercevons le vieil orgue qui dans son état de vétusté paraît difficilement réparable malgré le travail et les efforts de l’association "Les amis de la basilique" qui aimerait bien trouver un moyen de le réhabiliter. Grande tristesse, parmi nous il y a de vrais amateurs de ces joyaux d’église. De l’autre côté se trouve une seconde terrasse offrant elle aussi une vue splendide sur le paysage et sur les toits. Nous n’allons pas nous attarder, l’orage à l’horizon se fait menaçant et nous avertit par ses puissants et vibrants grondements qu’il vaut mieux aller se mettre à l’abri. Nous revenons donc sur nos pas et nous dirigeons vers l’accès au clocher.

Ce premier clocher est dépourvu de bronzes sonnants, mais il donne déjà le ton sur ce qu’il a fallu relever comme défis techniques pour ériger une ossature si solide. Nous sommes maintenant sur le point de traverser la nef par sa charpente et croyez-nous, à cet instant, nous sommes certains de tenir le scoop de l’année. Enjamber les énormes poutres supportant le toit de cette basilique nous ramène à l’échelle infime de notre existence de petits humains. Nous faisons confiance à notre guide pour nous amener à bon port, lui qui doit bien connaître ce qui semble être solide sous nos "ergots tremblants". C’est dans le deuxième clocher où nous pénétrons maintenant que les volumineuses cloches de bronze rythmant les heures brivadoises nous toisent de leur belle allure. Le vent orageux et tempétueux s’engouffre dans les interstices du clocher remuant le moindre grain du temps jusqu’à nos pupilles. La prise de son devient alors impossible.

Secrètement cachée en haut d’une échelle, une lucarne s’ouvrant au-dessus du toit de la nef nous octroie une ultime prise de vue de ce sommet. Nous ne pouvons rester plus longtemps alors "courage fuyons". Demi-tour donc et par le dessus de la nef nous rebroussons chemin afin de retrouver le "plancher des vaches".

Avant de finir notre visite guidée, le Père de Veyrac nous accompagne dans la chapelle Saint-Michel sise sur le plateau que l’on appelle un narthex⁴ surplombant l’axe principal. D'ici il est possible "d’en prendre encore un peu plus dans la vue". L’ensemble prend une tout autre dimension et rend le parterre de galets trichromatiques encore plus agréable à l’œil qu'il ne l'est sous les pieds. Ornant cette chapelle, une gigantesque fresque représentant la dichotomie entre l’enfer et le paradis est sans nul doute l'une des plus remarquablement conservées d’Europe. Ces ornements colorés possèdent toute une histoire et des particularités que le Père n’oublie pas de nous conter. Nous sommes certains que votre sensibilité et votre curiosité vous pousseront à partir à la découverte de cette somptueuse basilique et de son histoire, alors nous vous laissons un peu de mystère.

LEGENDES
1 / Dèce, appelé aussi Trajan Dèce (v. 201 - juin 251), est empereur romain de 249 à 251. (Source Wikipédia) 2 / Baptistaire : se dit d'un acte qui constate le baptême. (Source Larousse)
3 / Une châsse (du latin capsa, "boîte, caisse" puis "cercueil") désigne généralement un reliquaire contenant le corps d'un saint. (Source Wikipédia)
4/ Le narthex, appelé parfois avant-nef, vestibule ou antéglise, est un portique interne aménagé à l'entrée de certaines églises paléochrétiennes ou médiévales. (Source Wikipédia)

N'oubliez pas après votre visite de la basilique de vous rendre à Fontaine Saint Julien située à la sortie de Brioude. Ce lieu de culte et de respect possèd,e paraît-il une eau guérissant bon nombre de maladies.

1 Rue de la Fontaine St-Julien, 43100 Brioude

45°18'31.7"N 3°22'31.5"E
45.308793, 3.375418