0 2018
DÉCOUVERTES
château du Brivadois
Un château fort au cœur du Brivadois
Le charme seigneurial d’un château gardien de son histoire dans une nature très protégée
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"Des châteaux pas comme les autres". La série se poursuit et dans la continuité de notre collaboration avec Juliette Crouzet, voici la découverte d’un nouveau joyau médiéval préservé des épreuves du temps : le château de LESPINASSE. C’est à Saint-Beauzire (en Haute-Loire nous précisons car il existe un homonyme dans le Puy-de-Dôme) entre les rivières Allier et Allagnon que nous découvrons cette beauté architecturale. |
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Sous une généreuse météo, Lespinasse nous attend.
Ce 12 août 2021, par une journée enfin ensoleillée et déjà très chaude à 10 heures du matin, notre visite promet d’être des plus agréables. Sur les vestiges du pont-levis la propriétaire et aujourd’hui occupante permanente des lieux nous accueille. Nous commençons la visite par les extérieurs car il faut bien le dire ce château affiche une telle allure du haut de sa colline, avec ses différentes tourelles, échauguettes (voir Altilimag 9) et autre donjon carré, qu’il faut de prime abord "se rincer les yeux" sur cette bâtisse arborant le titre du plus ancien château conservé du Brivadois.
Le domaine complet de Lespinasse s’étend jusqu’à un très bel étang en contrebas de trois collines. La vue dégagée sur le Brivadois est somptueuse. Le site est classé Natura 2000 grâce à l’attention toute particulière de la châtelaine qui, sans ménager ses efforts, protège cette zone de toute invasion humaine. Ainsi quelques spécimens de papillons rares, comme notamment le Cuivré des marais1, peuvent voltiger sans crainte et se repaître d’une nature généreuse. |
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Une origine très ancienne.
De l’histoire du château de Lespinasse, qui à l’origine était une villa gallo-romaine, il existe des écrits recensés dès l’an 924 dans le cartulaire2 de Brioude. Toujours habité et entretenu dans sa fonctionnalité, le château traversera les années et sera ainsi épargné des restaurations alambiquées et de mauvaises factures, telles qu’on peut le voir sur les ruines de certains autres. Autour de l’ensemble il y eut des douves en eau qui ont été comblées, comme beaucoup d’autres, au fil du temps. Aujourd’hui l’emplacement de ces anciennes douves est végétalisé par la main verte de la propriétaire, ajoutant ainsi aux lieux déjà remarquables un cachet romantique du plus bel effet.
De ce fait, le pont-levis n’existe plus. Dommage on aime bien ça les ponts-levis ! Seules, à l’entrée, quelques traces témoignent de l'ancienne présence de cette mécanique médiévale. Au-dessus de la splendide porte, sur les pierres qui supportaient ce pont-levis, la date 1630 ainsi que le blason d’Auvergne sont gravés et une canonnière sur le côté de cette dernière revendiquent à eux trois l’histoire des lieux.
La propriétaire nous indique avec humour qu’au-dessus de cette structure, les espaces vides entre les corbeaux et les créneaux servaient à souhaiter la bienvenue aux visiteurs indésirables en leur jetant toutes sortes de projectiles exception faite de l’huile, trop précieuse en ces temps-là.
Accueil fort aimable, n’est-ce pas ?
L’arrière du château date du XVème siècle et on peut y voir les souvenirs d’une époque où les passerelles en bois étaient légion dans l’architecture médiévale. On peut également observer et mieux se rendre compte du souci de l’hygiène d’alors grâce aux vestiges de latrines qui étaient des colonnes bâties directement à l’intérieur des tours et qui permettaient d’évacuer le "tout" vers les sous-sols. |
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Dedans comme dehors, c'est beau !
Après ce "tour extérieur du propriétaire" nous entrons dans la cour d’honneur du château.
La surprise est de taille ! Le donjon carré du XIVème siècle impose par sa hauteur un respect bien mérité. Les pavés de quartz au sol forment une calade3 extraordinaire au système ingénieux d’évacuation des eaux de pluie. La propriétaire nous assure avec un petit rire pincé que ces derniers jours pluvieux, certains visiteurs ont pu comprendre par eux-mêmes toute cette ingéniosité technique !
Cette cour d’honneur préservant un maximum de fraîcheur au centre du bâti est tout autant originale historiquement parlant qu’elle est un vrai délice pour nos mirettes.
Déjà, à cet instant, nous envions notre hôte d’avoir le loisir de profiter d’un tel espace voluptueux. Les souvenirs de l’ancien chemin de ronde datant lui du XIIème siècle nous toisent du haut d’un escalier fantomatique. Plus insolite encore, Blanche Dauphine d’Auvergne, l’une des célèbres occupantes des lieux vers 1425 possédait sur le flanc gauche du château une chapelle de bois en encorbellement, accessible par une petite porte depuis sa chambre.
Chambre que nous n’allons pas tarder à découvrir d’ailleurs quand notre guide propriétaire aura fini de nous narrer toutes les explications au sujet de cette cour d’honneur.
Nous préférons d'ailleurs ne pas tout vous raconter, ce qui vous permettra d’aller faire travailler votre propre imagination. Et puis notre guide le fait tellement mieux que nous, il serait dommage de ne pas profiter de ses connaissances, de sa joie, de sa bonne humeur et de son humour. |
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Nous allons maintenant visiter l’intérieur du château. Par un petit sas qui garde à l’abri l’entrée historique du XIVème siècle et quelques marches dignes des châteaux de cette époque, nous rejoignons l’ancienne salle des gardes. Le chant d’oiseaux exotiques nous souhaite la bienvenue. Cette salle des gardes reflète déjà la grandeur des pièces dans laquelle beaucoup de moments de vie ont dû avoir lieu à travers les siècles. Mais à notre grande surprise cette surface ne représente que la moitié de sa taille réelle : l’autre partie restant privée n’est donc pas visitable. |
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Tout est immense ici !
Plus haut, se trouve une immense pièce de vie au plafond couleur brique peint à l’aide de sang de bœuf et agrémenté d’une répétition de symboles. Cette technique de peinture avait pour objectif non pas la décoration, mais l’élimination des petits parasites du bois. Au Moyen Âge on pensait pratique avant décor, c’était dans l’ordre des choses. Une vaste cheminée datant du XVème siècle, ornée en son sommet d’un bas relief unique en son genre, fait front avec de splendides fenêtres à croisillons et leur coussiège4 afin d’entretenir chaleur et lumière et donner ainsi toute sa dimension à une magnifique bibliothèque en vis-à-vis. Toute cette resplendissante harmonie cache néanmoins, comme dans beaucoup de châteaux, un secret. Du moins quelque chose de si insolite qu’il nous est impossible de vous le dévoiler ici. Mieux vaut vraiment le découvrir par vous-même ! On vous donne toutefois un petit indice ; ce secret est très lié à la religion.
À vos hypothèses ! |
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Le secret très bien gardé se trouve sur cette photo.
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Nous arrivons enfin dans la fameuse chambre de Blanche d’Auvergne née en 1410 puis mariée à Jean 1er de Lespinasse en 1425 avec qui elle eut 5 enfants, elle décédera en 1454. Authentique ! C’est bien le mot qui nous vient à l’esprit quand nous pénétrons dans l’intimité de cette chambre au ton de transition entre le Moyen Âge et la Renaissance. Tout ou presque dans cet espace reflète une époque à la fois riche et minimaliste.
Du sol au plafond, des boiseries au tapis, du mobilier sculpté au luminaire (électrifié tout de même) tout est rappel de la vie d’autrefois. Quand bien même tout semblerait joli au premier regard ce n’était pas pour autant mieux avant. Les historiens le savent, la vie était loin d’être chose facile même pour les plus aisés. Pas de coussiège sous la fenêtre de la chambre mais à côté de la très belle cheminée en pierre, la petite porte qui donnait la possibilité à Blanche d’Auvergne de se recueillir chaque jour parait-il, dans sa si particulière chapelle en bois surplombant la cour d’honneur d’au moins une bonne vingtaine de mètres. Il fallait avoir confiance en son architecte et dans la solidité du bois exposé aux éléments ! |
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Un donjon refuge en cas de panique.
Nous continuons ensuite en traversant la boutique qui se trouve au-dessus du porche frontière entre la cour d’honneur et la basse-cour, pour atteindre une petite pièce qui n’est autre que l’entrée du donjon. Quelques armes d’époque y sont entreposées, un petit quizz est proposé par la propriétaire quant à leur usage et ceux qui répondent faux restent enfermés dans le donjon, il faut bien mettre un peu d’ambiance d’époque tout de même !
Nous empruntons l’authentique escalier conçu pour le combat, colonne à droite oblige pour empêcher l’assaillant majoritairement droitier de pouvoir utiliser son arme. Nous arrivons dans une pièce de vie aux dimensions ridiculement petites au regard du reste de ce splendide château.
Une pièce que nous pourrions appeler "panic room"5. Elle était le refuge des seigneurs lorsqu’une attaque devenait un siège. Fonctionnelle en partie, elle pouvait voir une famille entière se réfugier dans à peine vingt mètres carrés. Dans le sol, notre guide nous fait remarquer des pavés creusés. Encore un quizz, attention faites bien travailler votre imagination ou sortez vos cahiers de révision d’histoire si vous ne souhaitez pas rester prisonniers. |
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Une petite dernière ?
C’est ainsi ou presque que se termine notre découverte. Presque, car la propriétaire accepte malgré la dangerosité de nous laisser monter sur les remparts du château afin de faire quelques photos inédites et d’admirer le parc d’un peu plus haut. Avec prudence, nous profitons de cet instant d’exclusivité avant de redescendre et de remercier grandement la propriétaire dont nous taisons le nom par courtoisie et parce qu’elle nous l’a expressément demandé (bien évidemment). |
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LEGENDES
1 / https://fr.wikipedia.org/wiki/Cuivré_des_marais
2 / Un cartulaire est un recueil de copies de ses propres documents établi par une personne physique ou morale, qui, dans un volume ou plus rarement dans un rouleau, transcrit ou fait transcrire des titres relatifs à ses biens et à ses droits ainsi que des documents concernant son histoire ou son administration, pour en assurer la conservation et en faciliter la consultation.
3 / Une rue caladée, encaladée ou en calade, désigne en Provence et en Languedoc une chaussée pavée de galets fluviatiles ou empierrée de pierres calcaires.
4 / Un coussiège est un banc aménagé dans l'embrasure d'une fenêtre par un ressaut de la baie. Forme courante dans les constructions médiévales, il s'agit d'une banquette en pierre, intégrée à la maçonnerie, revêtue de coussins.
5 / Une "Panic Room" est une pièce de sûreté installée au sein d’un bâtiment, servant de protection à ses usagers en cas d’attaque ou d’intrusion, les occupants ont la possibilité de s'y réfugier afin d'être à l’abri.
(Sources wikipédia) |
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Visites guidées tous les jours du 10/07 au 31/08 à 15h00 et 17h00
Fermé les samedis
Ouvert aux groupes toute l'année sur rendez-vous
Château de Lespinasse
43100 Saint-Beauzire
chateaudelespinasse@wanadoo.fr
+ 33(0) 4 71 76 82 12
+ 33(0) 6 85 52 39 55
www.chateau-de-lespinasse.net
45°15'53.6"N 3°16'50.7"E
45.264893, 3.280743
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