avril 2023
ARTISANAT
Prodige de la lumière
De la lumière jaillit la matière et vice versa
Le verre en fusion est un art, notre artiste, lui, façonne le verre à froid.
Il n'y a pas vraiment de hasard ! Quand Altilimag croise le chemin d'artisans, d'artistes, de personnages atypiques, le lien entre eux et vous est une réalité dont nous nous délectons et que nous adorons partager avec vous. Clément, notre artiste du cuir dans notre précédent numéro nous a présenté son frère, lui aussi artisan. |
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Une découverte
bien taillée
et luminescente |
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Nous avons rencontré Julien, Décorateur sur verre de formation, mais surtout Tailleur de verre à froid. Un métier peu connu à l'instar de celui de Souffleur de verre. Une nouvelle découverte que nous vous proposons sans plus attendre. Il faudra à Julien Dupont quatre années d'études, entre école et apprentissage, à l'Atelier Emmanuel Barrois, à Brioude, pour être diplômé à Moulins par l'une des trois seules écoles françaises à proposer la formation à ce métier si singulier. Julien prend alors les rênes de son destin professionnel. Il part une année en Suisse apprendre d'autres techniques avec les ateliers renommés GLASSWORKS puis s'installe, comme beaucoup de nouveaux artisans, dans la grange parentale pour démarrer son activité.
S'il est assez simple de définir cet artisanat d'art en quelques mots, il n'en est pas moins un métier complexe et très technique. Une fois que la matière s'est solidifiée et qu'elle a repris sa structure moléculaire minérale, le travail du verre peut commencer. La taille traditionnelle artisanale du verre à froid se retrouve dans plusieurs milieux professionnels, comme notamment, la miroiterie. Mais pour son côté artistique et inventif, c'est la taille de cette matière que Julien préfère exercer. |
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Une matière première inspirante.
La silice1, les blocs d'obsidiennes2, les blocs de verre issus de refonte d'usine ou encore les propres assemblages de plaques par "thermocollage" que Julien fabrique, sont ses principales sources de création. Nous n'avions encore jamais vu un bloc de verre aussi imposant et déjà cela ressemble naturellement à une œuvre d'art. Alors entre les mains de ce jeune artisan talentueux, attendons-nous à des merveilles. Comme le lapidaire3 sur ses pierres, Julien taille, poli, perce et sculpte le verre à l'aide d'outils dédiés à cet artisanat d'art. Des outils en diamant onéreux, mais indispensables à l'abrasion de la matière.
C'est par arrachage progressif des particules de verre à l'aide de petites meules diamantées arrosées d'eau que Julien façonne peu à peu ses blocs et les transforme en objet d'art.
Détourner son métier d'origine avec une imagination fertile et une détermination expérimentale est sans aucun doute le chemin qui mène à une réalité artistique indélébile. Voilà en résumé la philosophie trempée de notre artiste.
Avec peu de moyens financiers, notre tailleur de verre est, pour son plus grand bonheur, contraint d'exploiter ses quelques outils dans leur retranchement les plus extrêmes.
Ses expériences menées au sommet de l'art permettent en finalité l'expression de toute sa créativité. C'est bien de cela qu'il nourrit abondamment son exploration, le poussant à aller toujours plus loin. Julien doit chiner de-ci de-là, sur les sites spécialisés ou encore traquer les annonces de fermeture d'atelier afin de se procurer la matière première qui forgera l'historique de ses créations. La rareté des blocs d'obsidienne fait parfois se rencontrer les légendes. Comme celle qu'il nous raconte à propos d'un bloc de verre magnifique dégoté dans un atelier du Jura. Ce dernier proviendrait d'un monastère dans lequel les moines fabriquaient ce type de verre pour le revendre à des lapidaires afin de tailler de fausses pierres précieuses. Une légende qui nous laisse perplexe. Quelques fois, la Verrerie de Saint-Just Saint-Rambert, dans la Loire, plutôt que de jeter les excédents de matière, les refond et les transforme en blocs. Une véritable manne pour notre ami Julien !
Dans l'atelier de Julien, l'ambiance de l'artisanat est bien présente. Sur l'établi, quelques blocs refondus attendent de passer entre les mains de l'artiste. Autour d'eux gravitent des outils plus surprenants les uns que les autres et un capharnaüm d'éléments parfois expérimentaux, parfois juste reflets d'un faux désordre organisé. Ces ambiances-là chez Altilimag, on les adore !
Pour des raisons que nous expliquerons plus loin, il n'y a pas d'objets d'art exposés. Nous ne sommes pas en boutique de créateur, mais bel et bien au cœur de la fabrique. Et c'est tant mieux, car nous allons assister à une démonstration de taille de verre en temps réel. Mais avant cela, Julien nous fait découvrir la lumière dans la matière. Avec quelques blocs en cours de façonnage, posés délicatement sur un puits de lumière, il fait apparaître toute la splendeur cachée de cette matière hétéroclite et secrète. Dans l'instant même, il nous prend l'envie de composer avec la matière et la lumière. Jouant les artistes exposants, nous prenons quelques clichés de ces moments lumineux en mélangeant les blocs sur les puits éclairants.
La sécurité passe avant tout !
Pendant que nous jouons à qui fera la belle photo, l'artiste s'équipe des protections essentielles à sa sécurité. Gants, Lunettes, tablier, ainsi paré, il lance le moteur électrique de la meule, assez silencieux somme toute, et, après avoir ouvert l'eau, commence son ouvrage. Le plus gros des blocs de l'établi entre les mains, le polissage prend forme sous nos yeux de néophytes. |
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Nous ne pouvons pas vraiment le voir, mais entre les éclaboussures d'eau, peuvent probablement se greffer des micro éclats de verre qui justifient pleinement le port de lunettes de sécurité. Les gants, eux aussi, ont une importance capitale, à la fois servant à préserver les mains de l'artisan, mais aussi pour tenir fermement le bloc de verre rendu glissant par l'eau. Tout en faisant cette démonstration, Julien nous dit qu'en l’occurrence, il polit un gros bloc, mais qu'il peut être amené à gérer le polissage de très petites pièces. Qu'à cela ne tienne, nous lui demandons de nous montrer l'affaire séance tenante !
Du fuseau au verre, il n'y a qu'un pas de tailleur.
Le Musée de la Dentelle de Retournac a donné un exemple de fuseau à Julien qu'il s'est aussitôt empressé de refaire à l'identique, mais avec des plaques de verre fusionnées, pour leur offrir en retour. C'est sur cette pièce pas tout à fait terminée que nous allons assister à la finesse de ce métier. Oui, on vous parle de bloc depuis un moment, mais parfois, peut-être même souvent, la finesse est de mise dans ces délicates manipulations. Méticulosité et précision sont les deux mots de prédilection de Julien. Il aime ça et sans aucune limite. Au point de montrer la force et la faiblesse des gestes qu'il faut savoir mettre en place pour tailler et polir de si petites pièces. La moindre tension incontrôlée peut réduire à néant des heures, voire des jours de travail. C'est donc concentré au maximum qu'il se démène avec pondération sur son fuseau cristallin.
Nous observons de quelle manière cette technique maîtrisée provoque des effets de polissage dégradé sur toute la surface de la pièce. Joli effet soit dit en passant. Il y a sur l'établi un carton duquel, après avoir cessé la taille du fuseau, Julien sort un écrin. À l'intérieur, une paire de boucles d'oreilles peu ordinaire. Prises en mains et portées au-dessus de notre ligne d'horizon, les boucles changent d’aspect.
Elles passent de bandes multicolores à transparentes. C'est un peu magique, mais cela est dû en réalité aux plaques de verre, colorées sur une très fine couche, que l'artiste fusionne entre elles, formant ainsi des petits blocs qui après un minutieux taillage donnent aux objets leur originalité chromatique. Tout comme la paire de boucles taillée dans ces blocs qui arbore un mélange des genres selon la pénétration de la lumière. Une sorte de magie s'opère. Nous regardons dans le carton la multitude de blocs constitués par Julien et nous n'avons aucun mal à imaginer ce qui pourrait en résulter.
Julien ne serait pas, selon lui, un artiste complet s'il n'était pas taraudé par l'envie de mélanger les matières entre elles. Ces éventuels possibles mélanges le conduisent à la réalisation d'une lampe au "look" improbable. Nous avons sous les yeux une lampe de bureau insolite à classer sans aucune hésitation au rang des créations des plus grands designers.
C'est sur cette démonstration finale de l'ampleur du talent de Julien que nous vous convions à vous rapprocher de l'artiste pour vos futurs besoins décoratifs et autres objets imaginaires que vos esprits auront générés à la lecture de cet article.
À ce jour, les œuvres de Julien ne sont pas exposées. En effet, il a le doux et fou projet de construire son nid personnel et d'y intégrer son atelier de création. En attendant, il peut créer pour vous sur commande et vous offre ici quelques photos de ses réalisations.
On n'est jamais trop poli ni trop taillé, soyons honnêtes !
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LÉGENDES
1 / La silice est la forme naturelle du dioxyde de silicium qui entre dans la composition de nombreux minéraux. La silice existe à l'état libre sous différentes formes cristallines ou amorphes, et combinée à d'autres oxydes dans les silicates.
2 / L’obsidienne est une roche volcanique vitreuse et riche en silice, de couleur grise, verte, rouge ou noire, elle est issue d'une lave acide. La vitrification en masse est rendue possible par le fort degré de polymérisation de la lave.
3 / Un lapidaire est le nom d'une technique et d'un métier ou loisir qui consiste à façonner et à tailler des pierres, précieuses ou fines, appelées aussi semi-précieuses, de façon à les rendre dignes d'orner des bijoux ou des objets d'art. Le terme peut également désigner un traité du Moyen Âge sur les pierres précieuses.
> Sources Wikipédia |
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Envie de
tailler dans
le verre?
Julien Dupont
Vermoyal
43810 Saint-Pierre-Duchamp
+33(0) 6 01 99 94 30
45°14'52.0"N 3°53'58.1"E
45.247790, 3.899479
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