avril 2023
ARTISANAT
d'armure et d'acier
L'âme d'acier et forge de caractère
Rudolf Harywald fait de sa volonté un soc d'acier et forge
un sillon artisanal altiligérien.
Brut de trempe, C45, XC75, annuler les stress, traitement thermique, normalisation... D'emblée, le ton du bal de Rudolf est donné. Nous sommes à la fois à l'usine, en pleine science-fiction, au moyen-âge et dans les codes confidentiels d'un nouveau modèle automobile. |
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Brut de trempe, C45, XC75, annuler les stress, traitement thermique, normalisation...
D'emblée, le ton du bal de Rudolf est donné.
Nous sommes à la fois à l'usine, en pleine science-fiction, au moyen-âge et dans les codes confidentiels d'un nouveau modèle automobile. |
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En fait pas du tout ! Les termes employés par notre nouvel ami sont propres aux métiers de la forge et de l'acier. Nous savons in situ que l'homme en face de nous, qui va nous décrire son métier et sa passion, est dans la maîtrise de son art.
Au début de son histoire, il participe entre amis aux fêtes du Roi de l'Oiseau. C'est en fabriquant ses premiers costumes qu'il prend conscience de la satisfaction que lui apporte ce DIY (Do It Yourself). Associé au fait d'avoir déjà une tendance à aimer la reconstitution historique, il n'y avait plus qu'un pas à franchir pour s'attaquer à la matière ferrugineuse et aciérée. Du tissu au cuir en passant par la couture et le bois, et après un séjour avec l’Ost du Phénix, la troupe médiévale de Montrond-les-Bains, cela fait maintenant cinq ans que Rudolf Harywald est rompu à l'exercice de la création artisanale d'armures.
À force de ténacité et de multiples essais techniques, il parvient peu à peu à prendre le contrôle des éléments qu'il manipule. Aujourd'hui, il vit de sa passion. Bien évidemment, nous sommes envieux d'une telle félicité ! Et c'est bien pour cela que nous sommes venus à sa rencontre au hameau du Fournial près de Queyrières ; afin qu'il nous livre les secrets de son épanouissement !
La clientèle de Rudolf est assez diversifiée. Il peut équiper des troupes de reconstitution historique, comme celle de la bataille d'Azincourt, mais tout aussi bien des personnes provenant, comme lui, du milieu AMHE (Arts Martiaux Historiques Européens), qui organisent des combats en armure. Avec ses clients, ils établissent un projet d'équipement pour chacun des participants. Et c'est à partir de ce moment que Rudolf fabrique les pièces qui le constitueront.
Les combattants d'un "sport" pour les avertis, le Behourd, sont aussi ses clients. Pour ces derniers, les combats sont violents.
Un contre un, cinq contre cinq, vingt et un contre vingt et un et parfois encore bien plus, les combattants s'affrontant en mode "free-fight" dans des armures qui doivent être très solides pour éviter les blessures. Le but étant de mettre à terre l'adversaire et non de l'occire !
Certains musées, comme justement celui d'Azincourt dans le nord de la France, figurent également dans son carnet de clientèle. Il va de soi qu'avec de tels clients, la maîtrise de l'art se doit d'être parfaite. Il faut savoir tout de même que le prix d'une armure complète de la qualité de celles que propose Rudolf peut atteindre les quinze mille euros. Ce n'est pas à la portée financière de tout un chacun de pouvoir s'offrir ce précieux costume.
L'humble autodidacte n'a pas la prétention de tout connaître de son métier et c'est très probablement ce qui le pousse encore plus loin dans le perfectionnement de sa passion. À l'écouter, nous décelons par ailleurs une connaissance affirmée de l'histoire. |
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Les détails qu'il nous livre, concernant les batailles, les armes utilisées et modifiées, les personnages et leurs protections fonctionnelles, sont étourdissants et prouvent que notre forgeron est bien ancré dans son métier et qu'indiscutablement, il l'a dans le sang.
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Les détails de l'histoire
et de l'acier forgent
le trait de caractère
trempé de Rudolf |
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Ce sont ces spécificités qui imposent la qualité et qui
forment la différence.
Mais surtout, ce qui plaît réellement à un armurier tel que lui, au-delà des forces dont il a besoin pour battre l'acier, ce sont les multiples détails techniques de chacune des pièces constitutives. |
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Toutes les armures et armes possèdent, en fonction de leur utilisation, des éléments complexes et statutaires servant inéluctablement la finalité de leur emploi. Par exemple, les pointes des solerets qui permettaient aux cavaliers en armure de toujours retrouver l'étrier sur leur destrier lorsque les batailles faisaient rage. Ces multiples petits détails qui font de l'armure une véritable gageure de technicité sont à l'origine des motivations de Rudolf.
La magie du feu de la forge, le bruit du marteau sur le métal, l'odeur des vieux outils forment l’équilibre entre l'esprit et les mains de Rudolf. Dans son atelier, ou devrait-on dire sa forge, les anciennes et plus récentes enclumes ainsi que la "tripotée" de différents marteaux alignés sous l'établi sont les témoins de la passionnante épopée de notre ami. Des ébauches de heaume paradent aux côtés de leur version finale, des gantelets d'acier posent devant notre objectif pour nous démontrer la force de l'âme d'une armure. Des armes médiévales répandent dans notre espace une atmosphère de coups et de dangerosité.
Un univers singulier et intime qui a mené Rudolf à faire la connaissance d'autres passionnés et à inscrire son savoir-faire purement artisanal dans un réseau d'initiés.
Une ambiance aux étincelles magiques et aux sons
des champs de bataille.
Nous n'avons pas résisté à une démonstration proposée par notre hôte. C'est sur une amorce de visière de bassinet (casque médiéval) chauffée sur la forge jusqu'à en devenir aussi écarlate qu'une barrette ecclésiastique de cardinal que Rudolf commence. D'un geste sûr et précis, il frappe contre l'enclume l'acier rougi jusqu'à une certaine déformation choisie. |
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Puis l'acier refroidissant assez promptement, il le chauffe à nouveau dans la forge. Ces mouvements répétés, rapides et habiles, réclament malgré tout une force physique consciencieuse et une connaissance très affûtée du métal et de ses réactions chimiques sous le feu. Impossible à cet instant de tricher. Les gants, le tablier, le casque de protection sonore sont de rigueur. Le bruit répété des coups de marteau rend votre concentration cérébrale groggy. Les microéclats de métal incandescent vous tiennent à l'écart du jeu. C'est essoufflé que Rudolf nous détaille la réaction de ce qu'il vient d'obtenir, preuve en est qu'il s'agit bien d'un métier sportif ! Mais également un tantinet scientifique, car il faut savoir appliquer quelques formules et théorèmes pour réussir sa pièce. Si au collège, on ne savait pas vraiment pourquoi ni comment se servir de la règle de trois, c'est ici chose faite !
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Les adages du passé
gardent toujours une
signification dans le présent.
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À l'issue de cette chaude et bruyante performance, nous avons encore des choses à apprendre. Rudolf nous présente un pourpoint.
Vous savez celui de l'expression "tirer à brûle-pourpoint" signifiant ; tirer de tellement près que le pourpoint en prend feu. Cette tenue est une pièce maîtresse dans l'utilisation d'une armure. Un vêtement particulièrement bien pensé pour la mobilité et l'aisance sous une armure. En effet, ce dernier très ajusté, à la coupe et l'assemblage complexes, gaine et met en forme le corps pour le port de l'armure en resserrant la taille.
Et pour information, mesdames, ce sont bien les hommes qui portèrent les premiers corsets ! |
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Saviez-vous qu'une armure n'était pas fabriquée forcément sur mesure ? Nous non ! En fait, il y avait un standard de fabrication. Elle était par la suite ajustée à leur destinataire. Souvent très étroite à la taille, car peu importe la morphologie du porteur, sous le thorax, les organes "mous" pouvaient se resserrer entre eux grâce au pourpoint alors que les poumons ne devaient pas être oppressés.
La connaissance du corps humain était de mise pour la fabrication d'armures. Les calculs se faisant en pouces, en onces, en pieds, mesures ayant différentes valeurs en fonction de la zone géographique, il est peu probable que les armuriers d'antan eussent travaillé sur des bases de mesure, mais plus probablement sur des formes à la manière des chapeliers ou encore des bottiers. Des techniques et des connaissances passionnantes qui permettent à Rudolf de concevoir et de fabriquer des armures de qualité. Un instant médiéval partagé avec notre ami en plein 21e siècle. De quoi être quelque peu égarés dans nos repères temporels. Mais surtout de quoi avoir une envie irrépressible de retourner 500 ans en arrière pour tâter le fer avec quelques ennemis.
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Pour ce voyage dans le temps et le partage d'une passion aujourd'hui classée insolite, nous adressons un grand merci à Rudolf. |
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Envie de
vous forger
l'âme d'acier?
Rudolf Harywald
harywald@hotmail.com
Retrouvez Rudolf sur sa page Facebook
www.facebook.com/harywald
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