janvier 2024
ARTISANAT
Vitrailliste de talent
De verre en verre la transparence vous éblouit
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Une rencontre artistique des plus lumineuses.
Nous sommes allés à la rencontre d’une artisane atypique qui pratique le métier de vitrailliste. Un métier hors du commun et assez rare sur le territoire altiligérien pour que cela nous ait intrigués et donné l’envie d’aller voir de plus près ce qui rayonne autour de ce métier d’art.
Élisabeth Cuffel, animée par les couleurs depuis toujours, ne peut imaginer sa vie sans l’essence chromatique qui l’entoure. C’est lors d’une rencontre avec une vitrailliste qui exposait à la célèbre fête ponote du Roi de L’oiseau, que le déclic s’est produit. Elle décida alors d’allier son besoin continuel de couleur et ce nouvel art qui se propose à ses yeux.
Dans la foulée, parce qu’elle est tenace par nature, juste avant de partir en vacances, dans le mois qui précède son voyage prévu de longue date, elle met les bouchées doubles et trouve dans le même laps de temps, la formation de six mois dans la Creuse, le financement, le maître verrier ainsi que le logement qui lui permettront de révéler son talent artistique ! Au cours d’une seconde formation à Brioude auprès d’un autodidacte, elle va apprendre le Fusing. Il s’agit d’une technique de verrerie qui consiste à assembler par superposition des morceaux de verre posés les uns sur les autres à froid puis à porter l’ensemble dans un four à son point de fusion pour former une seule pièce homogène.
Douze ans plus tard, nous sommes au seuil de son atelier et Élisabeth nous invite à y entrer. Dans notre champ de vision apparaît un faux capharnaüm d’objets créés de toute pièce par l’artiste, mais surtout, agissant de concert, une cohorte cristalline de couleurs toutes plus flamboyantes les unes que les autres. C’est ici même le résultat de nombreuses années de travail acharné, parsemé d’erreurs bienfaisantes et de réussites triomphantes. |
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Une base de métier auquel est ajouté du talent.
La base du métier de vitrailliste consiste entre autres à dessiner sur papier ou carton les gabarits qui serviront ensuite à la découpe de différents morceaux de verre puis à l’assemblage cerclé de plomb de ces derniers pour donner vie à un vitrail que l’on retrouve le plus souvent dans les églises ou cathédrales. Certaines commandes de particuliers ont donné à notre artisane la possibilité de pratiquer ce principe technique. Mais Élisabeth s’est créé un tout autre chemin et a détourné cette base pour définir un univers aussi insolite qu’inaccoutumé. |
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De petits magnets empreints de nature en plaques d’envergure printanière, traversant des champs fleuris de pétales bigarrés translucides, nous découvrons peu à peu l’ampleur du talent de notre artiste fantasque. L’indiscipline artistique confronte ici la discipline technique et s’empare alors de toute la splendeur des jeux de transparences luminescentes. La multitude d’objets de décoration et d’apparat en dit long sur le temps qu’a pu passer Élisabeth dans cet atelier à se laisser aller aux songes de son énergie étincelante.
Tour à tour émerveillés, intrigués de cette profusion chromatique, nous suivons avec assiduité les explications de l’artiste concernant la provenance de cette abondante créativité. Deux années à s’entraîner avant de penser rentabilité. Quelques rêves insomniaques parés de flashs colorimétriques donnent le «la» à Élisabeth pour démarrer son indiscutable besoin de composer la musique florale et chatoyante d’une nature excentrique faite de lumières indomptées. Après avoir assemblé sur le replat ou la sole du four de cuisson les différentes paillettes de verre pigmentées et principalement faites maison, le tableau représentant les rêveries nocturnes de l’artisane attend de prendre vie entre les morceaux de cotons ignifugés sous la chaleur contrôlée de l’appareil. C’est durant une vingtaine d’heures, en moyenne, que l’assemblage devra patienter avant de connaître la réaction d’Élisabeth. Cette dernière ne peut totalement maîtriser ce qui se passe à la cuisson, mais à chaque ouverture du four l’instant pour elle reste magique et c’est très souvent émerveillée qu’elle découvre le résultat de son travail. |
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La réussite des œuvres d’Élisabeth réside notamment dans la maîtrise des paliers de température durant lesquels le verre se thermoforme, mais également dans la finition. Souvent, quelques défauts apparaissent post-cuisson et nécessitent une petite retouche de ponçage. L’artisane vérifie consciencieusement chacune des pièces qu’elle crée et y apporte le plus de douceur possible pour sa clientèle. Peu de possibilités d’automatisation du procédé sont proposées ce qui renforce le «fait main» et caractérise chaque création comme étant exclusive.
Entre le Fusing et le Vitrail, Élisabeth ne saurait choisir, car elle apprécie vraiment beaucoup les deux techniques de travail. La seule chose qu’elle puisse dire pour les départager est que le Fusing offre plus de liberté de création et nous le ressentons rien qu’à notre entourage immédiat. |
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Une boutique pour apogée.
Après une démonstration de la complexité de la découpe du verre pour constituer un vitrail et pour lequel les heures de travail se calculent de manière arbitraire, nous assistons à la fabrication à coup de marteau de paillettes pigmentées. Des petits morceaux de plaques de verre colorées achetées par Élisabeth sont placés dans un pilon manuel et bruyant. Ils sont ensuite écrasés pour être transformés en poudre ou en paillette selon les besoins de l’artiste.
Tous les verres n’ont pas le même coefficient de fusion alors, les plaques, morceaux et autres dérivés sont rangés soigneusement pour éviter les ratés à la cuisson. À force de travailler la matière, Élisabeth arrive à les reconnaître au premier coup d’œil, Bullseye, 96, aucun ne lui résiste, quel talent ! |
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C’est dans le centre commerçant de Tence qu’Élisabeth a trouvé sa boutique. Après quatre années d’infructueuses recherches, elle peut enfin afficher fièrement le fruit de son travail et exposer son talent créatif. Nous nous sommes donc transférés de l’atelier à la boutique «L’art en transparence» pour découvrir cette nouvelle installation. Des bouquets de fleurs champêtres multicolores nous y accueillent. Autour d’elles, des bagues, des boucles d’oreilles, des décapsuleurs, des pendentifs, des pose-savons, des suspensions décoratives, des sculptures mélangeant fer et verre, des cadres décoratifs, une spectaculaire table basse en verre, le tout joliment agencé, trônant parmi quelques autres objets, fruits d’une pratique collaborative répandue en Haute-Loire, entre Élisabeth et des amis artisans. Toutes ces couleurs illuminées offrent dans la boutique une chaleur réconfortante et apaisante, un sentiment de bienvenue à un détail près, car n’oubliez pas que vous êtes à cet instant dans un univers fragile, peuplé de créations plus ou moins résistantes à votre inhabileté et votre énergie rêveuse.
Nous quittons Élisabeth et sa très belle boutique pour aller écrire ces quelques lignes qui vous donneront sûrement l’envie d’en savoir plus sur ce métier hors des sentiers battus et ainsi découvrir l’univers d’une artiste truculente. |
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Merci à Élisabeth Cuffel pour ce moment de partage et de découverte insolite.
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Envie
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lumineuse ?
L'art en transparence
Elisabeth Cuffel
7 chemin de Blanc et 19 rue d'Annonay
43190 Tence
elisabeth.cuffel@gmail.com
+33(0) 6 85 59 44 10
45°06'37.7"N 4°17'29.5"E
45.110468, 4.291533
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