Nous arrivons à cet Étang de la Plaine1 piégé par la rudesse de l'hiver qui vient de draper la Haute-Loire de son manteau blanc rigide et soyeux. Nathan, Ambre la fille de Nathan qui n'a pas l'air d'avoir peur du froid, Patrick, Igor dont les quatre pattes ne craignent pas les engelures et moi-même, sommes surpris de découvrir cette étendue totalement gelée sous une lumière ambiante agréable. Sur cette étendue grise aux reflets bleus et argentés, nous apercevons un chien en train de se prendre pour un hockeyeur. C'est tentant, pour nous humains, de vouloir en faire autant ! L'épaisseur affichée de cette glace nous paraît très solide et attirante. L'envie de poser nos pieds sur l'eau prisonnière est forte, mais mieux vaut nous garder d'imiter un animal d'une vingtaine de kilos quand notre masse corporelle est bien plus élevée. Si norme il y a, il faut un minimum de quinze centimètres de glace pour supporter quatre-vingt-dix kilos, en imaginant que la glace soit uniforme sur l'ensemble de la surface, ce qui est rarement le cas. Les lacs canadiens ou russes sont, pour leur part, habitués à des températures extrêmement basses qui favorisent la formation d'épaisseurs de glace conséquentes, ce qui n'est plus le cas dans nos contrées. Les hivers sont de plus en plus chauds alors n'allons pas risquer une trempette involontaire et glaciale de surcroît. Nous préférons donc nous contenter de faire le tour de l'étang. Ambre se fait volontiers traîner sur sa luge et rit à pleine gorge à chacune des bosses blanches soulevées par les taupes et autres rats-taupiers. Un piège glacial pour tout ce qui gravite sur et autour de l'étang. Le plumage des roseaux au centre du plan d'eau est coagulé par la froide atmosphère comme d'ailleurs tout ce qui gravite sur le lac, mais aussi autour de lui. La faune a l'air de s'être endormie alors qu'il est quinze heures, elle se cache dans le silence mordant d'une bise si fraîche que seuls quelques rayons de soleil parviennent à nous illusionner d'un ressenti plus chaleureux. Le spectacle saisissant des lieux nous émeut de bonheur. Une telle beauté, rare et inédite, fait de nous tous des admirateurs conquis et éperdument plus amoureux encore de la Haute-Loire. En faisant le tour de l'étang, nous pouvons constater que certains angles de vue changent totalement l'aspect physique et colorimétrique de la surface. Tantôt les reflets du ciel dominent, tantôt les rayons du soleil rendent invisible la glace, enfin à d'autres moments, l'argent coule &ag