avril 2023
ÉCOTOURISME
fauconnier
Une complicité volatile et un atout environnemental
Serrez vos plumes, Bruno déploie ses aigles.
Bruno Habauzit, comme un Gaulois, est tombé dedans quand il était petit ! Ébahi devant la beauté de ces oiseaux si particuliers et enivré par une première expérience à l’âge de 8 ans, il a su dès cet instant magique que la fauconnerie
serait le fil conducteur de sa vie. Il nous présente avec passion son amour pour les rapaces et ce qu’ils ont de si important à nous apprendre d’eux. |
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C’est à Saint-Maurice-de-Lignon que nous avons rencontré Bruno et Patricia son épouse. Une rencontre peu ordinaire puisque ces deux compères élèvent en captivité des espèces non domestiques, protégées en France depuis 1972 et dans le monde entier : les Rapaces. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut approcher d’aussi près ces oiseaux au regard si persuasif et pour certains à l’amplitude d’un avion de chasse. Bruno qui a fait ses débuts à 10 ans dans ce "métierpassion" si singulier, nous présente tout d’abord, pour nous mettre tout de suite dans son ambiance quotidienne, leurs deux impressionnants Pygargues à tête blanche, célèbres aigles américains qui peuplent les rivages de l'Alaska, du Canada, de la Colombie-Britannique et clous de leur collection de volatiles. |
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Le regard perçant de cet oiseau de proie vous incite clairement à rester à votre place et à suivre à la lettre les consignes de sécurité de notre hôte. Cet excellent pêcheur en surface qui n’obtient ses plumes blanches sur la tête et sur la queue qu’à l’âge adulte, vers 5/6 ans (et qui a une petite préférence pour le saumon), a bien failli disparaître de son pays d’origine, les États-Unis, au cours du XXème siècle à cause des pesticides qui rendaient stériles leurs œufs. Ce qui heureusement aujourd’hui n’est plus d’actualité. Il est donc important de prendre conscience qu'il est nécessaire de préserver un maximum d'espèces existantes dans leur milieu naturel.
Son espérance de vie est d’environ 35 à 40 ans en captivité, mais bien moindre dans son milieu naturel. Sachant qu’il doit attendre 5 ans avant de pouvoir se reproduire, que souvent la femelle ne pond qu’un à deux œufs à 15 jours d’intervalle et qu'il peut arriver que l’aîné mange son cadet par réflexe de sélection naturelle afin de rester le dominant. Il est donc fragilisé tout au long de son existence.
Le Pygargue n’est pas à confondre avec l’aigle royal. Bruno nous rassure, ce dernier est bien à nouveau présent sur les massifs français de haute montagne, mais aussi sur la Haute-Loire et sa moyenne montagne si représentative. On peut apercevoir des nichées dans les gorges de l’Allier ainsi que sur le plateau du Mézenc.
Ce véloce et redoutable chasseur noble possède des serres dont la pression atteint les 250 Kg par cm2. De quoi soulever une marmotte, un marcassin, ou encore un agneau sans se fatiguer. Malgré cette force, il ne peut soulever que son propre poids et préfère chasser en amont de son nid et ainsi utiliser la descente pour ramener ses prises. Ce volatile aux yeux si expressifs (qui peut voir sa proie à une distance de plus de 1 500 m contre 500 m pour nous) peut voler à des altitudes proche de 8 000 mètre en utilisant les vents chauds ascendants sans faire le moindre effort. Ses plumes sont pour lui une sonde ultra-perfectionnée lui permettant de ressentir le moindre détail de pression d’air et ainsi de dominer son champ d’évolution aérienne.
Les relations entre les hommes et les rapaces ont toujours été ambiguës. Parfois vénérés et considérés comme des Dieux à certaines époques et par certaines civilisations qui rendaient hommage à leurs qualités physiques et leurs aptitudes tels que les égyptiens qui représentaient le Dieu Horus avec la tête du faucon pèlerin, les rapaces furent malheureusement pendant très longtemps considérés comme nuisibles en Europe et notamment en France et furent persécutés, victimes de nos superstitions, de nos peurs et surtout de notre ignorance. Un comportement qui a failli entraîner leur disparition et qui a nécessité une prise de conscience collective car chaque animal est le maillon indispensable de la chaîne qui permet de sauvegarder l'équilibre naturel constitué par la faune, la flore et la biodiversité.
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Les Pygargues de Bruno et Patricia sont nés en captivité, bagués ou munis d’un transpondeur, ils possèdent leur CITES - carte d’identité intracommunautaire à la traçabilité obligatoire aujourd’hui. Bruno est lui-même capacitaire
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Les vrais noms d’oiseau (de gauche à droite et de bas en haut)
Chouette effraie, ou "dame blanche" / Buse de Harris / Chouette Harfang / Faucon crécerelle / Hibou grand-duc / Vautour fauve (ces photos ainsi que celles du profil et d'introduction nous ont été récemment fournies par Bruno et Patricia et mises à jour à leur demande) |
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Une communion harmonieuse et inébranlable entre l’homme, la femme et les oiseaux.
Nous continuons notre visite avec Bruno et Patricia qui par amour des oiseaux, des animaux et de la nature nous font pénétrer au cœur de l’espace de vie de leur petits protégés.
Au fur et à mesure, la présentation des différents résidents devient un émerveillement. Ces petits et gros rapaces nous observent, nous scrutent, nous analysent, nous testent du regard, nous sondent et finalement, habitués à la présence humaine, nous laissent pénétrer leur périmètre vital pour jouer, le temps d’un instant, les stars du tapis vert.
Mais Bruno veille à ce que notre démarche de «paparazzi» ne nous emporte pas et nous prévient, quand derrière notre objectif, nous franchissons la limite que peuvent tolérer les oiseaux et engendrer un comportement de stress pour eux ou tout risque de danger pour nous.
Nous apprenons à respecter chacun d'eux en adaptant notre attitude, nos gestes, en fonction de leur personnalité et de leurs traits de caractère, propres à leur espèce et à chaque individu. Parlons de protection car le couple fait partie de l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFDPZ) fondée en 1969. Sa mission est de promouvoir l’activité de ses membres vers une implication plus grande dans la conservation de la diversité biologique, en liant d’une façon intégrée les efforts de protection in situ* et ex-situ**, tout en aidant l’association et ses membres à améliorer leurs capacités et leurs compétences à trouver les ressources nécessaires pour lutter contre la perte de biodiversité. Voilà, tout cela est un peu technique, mais c’est aussi le reflet de Patricia dont les connaissances ne sont que pur bonheur tant elles sont subjectives.
Quand elle vous parle de Chouette effraie, de Buse de Harris, ou encore de Faucon crécerelle..., vous avez le sentiment qu’elle ne vous raconte pas seulement ce qu’il faut savoir sur ses «piafs» mais aussi des détails sur leurs personnalités individuelles.
Vivre 24h/24 avec ces oiseaux permet de s'apprivoiser puis de devenir complices au fil du temps sans que rien ne soit jamais acquis définitivement. Cette proximité permet également d'en apprendre chaque jour davantage sur eux dans le but d'améliorer aussi leurs conditions de vie, comme par exemple le fait de n'utiliser que des branches d'une espèce d'arbre ayant des propriétés antiseptiques naturelles pour le confort des pattes. Réciproquement, ces oiseaux vont vous apprendre à adopter une attitude plus humble face à la nature et à prendre le temps d'observer, d'écouter, de regarder ce qui se passe devant vous, autour de vous, au-dessus de vous, à accorder plus d'attention à tout ce qui vous entoure et à vous ouvrir aux autres !
* La conservation in situ est le fait de préserver et de maintenir les espèces menacées, plantes et animaux dans leur milieu naturel. La réussite de la nouvelle conception de la conservation in situ est soumise à une condition sine qua non : la participation des populations locales à la préservation de leur patrimoine.
** La conservation ex situ : le but final est une éventuelle réintroduction dans la nature ou un renforcement de la population sauvage par l’adjonction de spécimens élevés en parcs zoologiques. |
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La petite précision
de Patricia.
Nous sommes aussi un centre d’élevage de Rapaces. Nous privilégions la reproduction naturelle. Nous avons chaque année des naissances de Chouettes, Hiboux, Buses, Faucons et c'est actuellement la pleine période de reproduction et de naissances.
Ces bébés, nés en 2019, vont rejoindre dans quelques semaines leurs nouveaux foyers grâce au programme d’échange entre parcs animaliers français.
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Ce n’est pas terminé, Bruno nous réserve encore une surprise...
Un finish au cheveu près !
Bruno et Patricia nous ont réservé un final très particulier et ce n’est pas nous, invités et acteurs de cette matinée à plumes, qui pourront vous dire le contraire.
En effet, un oiseau peu ordinaire et rare fait son entrée. Fier sur le gant de cuir du fauconnier, le Caracara huppé, oiseau coloré et emblématique du Mexique, au caractère vif, joueur et opportuniste nous observe avec interrogation. Nous pouvons presque deviner dans son regard perçant la question qu’il est en train de se poser : quel perchoir naturel et confortable vais-je bien pouvoir choisir maintenant ?
C’est parti ! La tête de Geneviève lui plaît bien. Allé Hop, il fonce poser ses serres musclées sur elle. Pas vraiment effrayée mais surprise Geneviève baisse sa tête et l’oiseau retourne sur le gant de cuir.
Repéré malgré son attitude en retrait, Noah, le fils de Patrick n’échappera pas à la plaisanterie perchée du Caracara. Pas plus que Daphné, ni Amélie, ni Eliott ni moi-même et encore moins Patrick qui se voit affublé d’une casquette peu ordinaire et très certainement modèle unique !
Démonstration est faite que les rapaces ne sont pas agressifs envers l'homme mais qu'ils restent pour la plupart encore très méfiants. Leur objectif principal est de vivre ou survivre dans un environnement plus ou moins accueillant ou hostile pour perpétuer leur espèce. Les protéger, c'est être conscients de l'importance de les préserver le plus possible dans leur milieu naturel, tout comme il est indispensable de le faire pour les autres animaux qui peuplent notre commune, notre département, notre région, notre pays, notre planète, pour que l'équilibre naturel lié à la biodiversité soit conservé. |
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Envie de
vous secouer
les plumes ?
Les Aigles de Saint-Maurice-de-Lignon
Bruno et Patricia Habauzit
15 Montée de La Croix Des Sagnes
43200 Saint-Maurice-de-Lignon
+33(0) 4 71 56 41 20
+33(0) 6 99 19 98 11
Initiations, Prestations publiques
et privées dans toute la France
www.lesaiglesdesaintmauricedelignon.com/
45°13'03.9"N 4°07'52.1"E
45.217736, 4.131150
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