ute;e pour y faire dormir le bétail et l’étage servant de grange à foin. Aujourd’hui cette grange superbement restaurée, à l’espace immodeste, sert de salle de réception et de concert, sauf en ces temps difficiles bien entendu. Cet ensemble bénéficie d’une ossature construite pour durer. Si vous êtes chanceux, Emmanuel de Veyrac vous en dira long sur la méthodologie de cette construction intéressante. Quelques pas plus tard, au pied du château, posté devant la grille en fer forgé pure XXᵉ siècle, mais pour autant d’allure ancestrale, nous entrons dans le château pour découvrir en exclusivité les quelques pièces et trésors qui pour l’instant ne sont pas encore proposés à la visite. Pour le châtelain, cela demande encore réflexion et organisation intensive pour permettre à tous, ces découvertes. C’est parce que notre sympathie brave les interdits et qu’il a lui-même dérogé à ses règles, que nous avons pu accéder aux intérieurs. L'entrée est remarquable ; les pierres au sol, polies par les affres du temps et les nombreux piétinements, donnent à ce hall une allure médiévale. Une première pièce nous est ouverte, il s’agit de l’ancienne chapelle du château faisant partie du corps du logis initial, complètement rénovée au XVIIIᵉ siècle et ayant servi à bénir les mariages du XVIᵉ siècle jusqu’au début du XVIIIᵉ. Les voussoirs et clés de voûte formant les arches de cette chapelle témoignent de l’âge des lieux. Après avoir traversé une chambre somptueuse aux magnifiques soieries lyonnaises, nous entrons dans une nouvelle pièce dont les murs sont recouverts d’une étrange tapisserie. Le papier mural d’époque est un trompe-l’œil de 1830, d’une qualité incroyable, jouant son rôle à la perfection ; on croirait voir des tentures de soie légèrement plissées. La manufacture Zuber qui fabrique ces papiers peints est encore en activité en Alsace. Derrière un portrait familial, camouflée par l’effet de trompe-l’œil, se cache une porte qu’on imagine sûrement secrète. Mais, à notre triste désillusion, elle ne l’est pas du tout. Il s’agit pour l’époque d’une ouverture astucieuse sur une belle petite chapelle située un demi-étage en dessous, afin de permettre aux châtelains d’écouter les messes et autres offices religieux sans sortir de la pièce

avril 2023

DÉCOUVERTES
château de Haute-loire

Des châteaux pas tout à fait comme les autres

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Le Château du Thiolent.

Juliette Crouzet de l’agence ARKHES gère, entre autres choses, la communication de quelques châteaux privés locaux, peu connus, voire méconnus en Haute-Loire. Elle nous propose une aventure anticonformiste que nous avons promptement acceptée afin de conjuguer nos expériences altiligériennes.

Un lundi matin aux couleurs bucoliques.

Nous nous sommes donc retrouvés un lundi matin à 1000 mètres d’altitude, près de Vergezac au Château du Thiolent au lieu-dit du même nom. Un château privé à la prestance incroyable et pourtant quasiment invisible des routes alentours. Du coup, notre GPS nous a bien aidés à le repérer. Une découverte épatante pour nous qui sommes férus de ces trouvailles insolites et que nous allons partager séance tenante avec vous.

Nous sommes accueillis par Emmanuel de Veyrac, propriétaire châtelain de cet imposant édifice, qui nous attendait et avait l’air impatient de nous rencontrer. Après quelques présentations usuelles, nous nous dirigeons vers les immenses extérieurs, dévoués gardiens de la quiétude des lieux et dont l’histoire débute vers 1410 lorsque cette maison seigneuriale fut achetée par les du Fayet, famille originaire de la région de Bains.

Le temps a façonné ce château de multiples façons.

C’est probablement vers 1450 que les propriétaires d’alors ont décidé de fortifier leur demeure. Un fossé a alors été creusé tout autour de l’édifice. Au cours de la succession des différents propriétaires, ce château a souvent été offert par les femmes, en guise de dot à leur futur époux. Beau cadeau nous direz-vous ! S'ensuivirent tour, donjon et chemin de ronde, mise en eau des douves ; tous premiers témoins des nombreuses transformations qui auront lieu au fil des siècles. L’aspect actuel que nous découvrons est donc plutôt lié aux dernières modifications apportées par les Rochefort d'Ally, barons de Saint Vidal, entre la fin du XVIIᵉ siècle et le début du XVIIIᵉ. Ces nombreux changements, principalement faits pour l’apparat et la réception, concernent la création et l’agrandissement de pièces intérieures et de fenêtres, le comblement des douves et la réalisation du magnifique et impressionnant parc dans lequel nous évoluons, à l’écoute du maître des lieux. Un château certainement occupé uniquement à la belle saison, car difficile à chauffer en l’état et probablement invivable quand l’hiver altiligérien de l’époque sévissait avec rudesse.

Ce parc arboré dont nous prenons plus largement connaissance est une véritable splendeur. La vue incroyable qu’il propose au premier plan sur la plaine entière de Saint-Paulien ainsi qu’au fond, en arrière-plan, sur les bois de Chalmazel et de Noirétable, frontières entre les départements du Puy-de-Dôme et de la Loire, est tout bonnement phénoménale. Cet espace bucolique parsemé d’essences locales plusieurs fois centenaires libère, à notre approche, les martèlements du bec des pics contre les troncs, les requiems variés de mésanges ainsi que d’une multitude d’autres petits "piafs", à faire s’exalter la passion d’un ornithologue. Une nature généreuse et vivante exacerbée par un soleil radieux offrant des perspectives printanières bien agréables.

Plus loin, un portail aux armoiries clinquantes ayant survécu à la révolution française ouvre la vue vers le majestueux mont Mézenc. Ces splendides armoiries redorées il y a trente ans arborent les éléments bien connus des évêques. La mitre, les glands, la crosse, le chapeau pourraient faire croire qu’il s’agit d’un bien d’église, mais il n’en est rien. À l’époque, les deux frères propriétaires avaient un oncle évêque. Les revenus de ce dernier ont dû financer une bonne partie des travaux et c’est donc en gage de reconnaissance que ces éléments côtoient l’ensemble. Entre dot, méchant propriétaire, révolution, coupage de têtes, honte familiale et exil en Espagne, Emmanuel de Veyrac nous abreuve d’anecdotes croustillantes qu’il serait bon d’aller écouter sur place. Nous ne voulons pas vous "spolier" ces petites histoires dans l’Histoire.

Nous continuons notre flânerie boisée dans le parc. Trois espaces sont délimités à l’arrière du château, dont un qui servait lui aussi beaucoup à l’apparat. Des tilleuls sévèrement taillés pour former des lignes de pseudo candélabres proposent un ombrage parfait pour les journées caniculaires. C’est aujourd’hui, pour les plus amoureux, un lieu idéal pour les réceptions de mariage. À voir avec l’actuel propriétaire qui n’est d’ailleurs pas totalement opposé à l’idée.

Les autres plans sont tout autant en harmonie, entretenus plutôt pour une utilité technique, mais malgré tout respectueuse de la nature. De ce côté du parc, la vue sur le château est certainement la plus jolie.

Allons visiter les dépendances adjacentes au château ; deux bâtiments immenses aux fonctions diverses. L’un curieusement voûté et demandant une grande restauration pour éviter les pires surprises servait d’écurie. Le second constitué d’un étage se voyait attribuer deux fonctions ; le rez-de-chaussée pour y faire dormir le bétail et l’étage servant de grange à foin. Aujourd’hui cette grange superbement restaurée, à l’espace immodeste, sert de salle de réception et de concert, sauf en ces temps difficiles bien entendu. Cet ensemble bénéficie d’une ossature construite pour durer. Si vous êtes chanceux, Emmanuel de Veyrac vous en dira long sur la méthodologie de cette construction intéressante.

Quelques pas plus tard, au pied du château, posté devant la grille en fer forgé pure XXᵉ siècle, mais pour autant d’allure ancestrale, nous entrons dans le château pour découvrir en exclusivité les quelques pièces et trésors qui pour l’instant ne sont pas encore proposés à la visite. Pour le châtelain, cela demande encore réflexion et organisation intensive pour permettre à tous, ces découvertes. C’est parce que notre sympathie brave les interdits et qu’il a lui-même dérogé à ses règles, que nous avons pu accéder aux intérieurs. L'entrée est remarquable ; les pierres au sol, polies par les affres du temps et les nombreux piétinements, donnent à ce hall une allure médiévale. Une première pièce nous est ouverte, il s’agit de l’ancienne chapelle du château faisant partie du corps du logis initial, complètement rénovée au XVIIIᵉ siècle et ayant servi à bénir les mariages du XVIᵉ siècle jusqu’au début du XVIIIᵉ. Les voussoirs et clés de voûte formant les arches de cette chapelle témoignent de l’âge des lieux.

Après avoir traversé une chambre somptueuse aux magnifiques soieries lyonnaises, nous entrons dans une nouvelle pièce dont les murs sont recouverts d’une étrange tapisserie. Le papier mural d’époque est un trompe-l’œil de 1830, d’une qualité incroyable, jouant son rôle à la perfection ; on croirait voir des tentures de soie légèrement plissées. La manufacture Zuber qui fabrique ces papiers peints est encore en activité en Alsace. Derrière un portrait familial, camouflée par l’effet de trompe-l’œil, se cache une porte qu’on imagine sûrement secrète. Mais, à notre triste désillusion, elle ne l’est pas du tout. Il s’agit pour l’époque d’une ouverture astucieuse sur une belle petite chapelle située un demi-étage en dessous, afin de permettre aux châtelains d’écouter les messes et autres offices religieux sans sortir de la pièce où ils se trouvaient. Nous constatons que l’esprit humain a de tout temps été très prolifique.

Dans la continuité se trouve une très grande pièce, malgré tout à taille humaine, si l’on compare avec des châteaux plus célèbres. On y retrouve posées devant une cheminée, les armoiries du portail que nous avons vues dans le parc. Le mobilier est d’époque et "dans son jus" ; il n’a subi aucun traitement moderne. Les tapisseries ont failli être restaurées, mais le coût faramineux pour ajouter la troisième couleur qui leur manque en avait dissuadé le grand-père de notre châtelain. C’est finalement mieux ainsi, car elles sont dans un superbe état de conservation et posent l’ambiance de la pièce, ce qui aurait pu ne pas être le cas après restauration. Sur un mur, trône un mystérieux portrait de François 1er. Une copie à l’identique de l’œuvre originale sans aucun doute, dont personne ne sait vraiment pourquoi il se trouve ici à Thiolent. En revanche, quasi immédiatement, il déclenche chez nous toutes les hypothèses historiques, même les plus inventives et farfelues.
Par une autre entrée très typique du pays du Velay que l’on retrouve beaucoup dans les grands édifices du Puy-en-Velay par exemple, nous descendons d’un demi-étage afin d’accéder à la fameuse petite chapelle. Nous devinons, bien moins masquée, la porte mitoyenne aux deux pièces et comprenons instantanément sa fonctionnalité. Il n’y avait pas d’escalier pour passer d’une pièce à l’autre. Seule la porte était ouverte et permettait donc de participer aux messes.

ANECDOTIQUE

Nous ne voulions pas manquer de vous conter la prouesse insolite et drôle de la chienne du châtelain qui nous a offert une étonnante et imparable technique de chasse juste avant que nous ne disparaissions dans les bâtiments. La voici à l'arrêt, la truffe collée au sol, face à une motte de terre parmi trop d'autres. D'un coup, comme son cousin le renard, elle bondit en hauteur, retombe les pattes en avant et creuse énergiquement. Puis en un éclair, le temps d'une prise de souffle imperceptible, enfonce la moitié de sa gueule dans le petit trou d'une taupe qui tentait désespérément de fuir. Inutile ! Cette petite Braque française est une experte en la matière et c'est taupe entre les crocs qu'elle nous laisse pantois pour aller profiter d'un festin pleinement mérité !

Ainsi s’achève notre visite. Elle a été fantastique et chaleureuse. Emmanuel de Veyrac en châtelain aguerri nous a accueillis avec passion, générosité et une extrême gentillesse. Nous le remercions considérablement pour ce voyage temporel.

Juliette nous propose ensuite de prolonger l’expérience en la retrouvant à 14h00 au château de Volhac à Coubon. Donc, en route vers une nouvelle découverte...

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Château du Thiolent

Le Thiolent - 43320 Vergezac
43000 Le-Puy-en-Velay

+33(0) 4 71 08 01 87

www.chateau-du-thiolent.fr

45°02'39.4"N 3°42'48.5"E
45.044282, 3.713458